Le Congrès National Africain (CNA) à Durban: Défi politique et lutte contre l'apartheid dans l'Afrique du Sud du XXe siècle

En 1948, le parti national d’Afrique du Sud arrive au pouvoir après une campagne électorale axée sur la ségrégation raciale. L’apartheid, système de discrimination institutionnalisé qui sépare les citoyens en fonction de leur couleur de peau, s’impose ainsi dans le pays. La communauté noire africaine se retrouve marginalisée, privée de droits civiques et soumis à des lois discriminatoires. Face à cette oppression grandissante, un besoin urgent de résistance se fait sentir parmi la population noire.
C’est dans ce contexte explosif que le Congrès National Africain (CNA), déjà actif depuis 1912 en tant que mouvement modéré appelant à la coopération avec les blancs, prend un tournant radical. En juin 1953, lors de sa conférence annuelle tenue à Durban, le CNA adopte une résolution historique : le “Programme de lutte”, qui appelle désormais à la désobéissance civile et à la résistance active contre les lois racistes du régime apartheid.
Ce changement de stratégie reflète l’évolution des sentiments au sein de la population noire sud-africaine. La patience face aux injustices subies se transforme en colère et en désir de changements profonds. Les militants du CNA, menés par Walter Sisulu et Oliver Tambo, reconnaissent que les appels à la modération et aux négociations ont échoué.
Le Programme de lutte lancé à Durban devient un véritable manifeste de résistance contre l’apartheid. Il prévoit une série d’actions non-violentes telles que:
- Boycott des lois injustes: Refus de participer aux processus électoraux réservés aux blancs, boycott des transports publics segregés.
- Désobéissance civile: Organisation de manifestations pacifiques pour dénoncer les lois discriminatoires, occupation non violente de bâtiments publics symboles du régime ségrégationniste.
La campagne de désobéissance civile initiée à Durban en 1953 marque un tournant dans la lutte contre l’apartheid. Elle met fin à la stratégie passive du CNA et ouvre la voie à une résistance plus active et directe. Le mouvement gagne en popularité, attirant des milliers d’Africains sud-africains prêts à braver les conséquences sévères de leurs actions pour réclamer leur droit à la liberté et à l’égalité.
Les réactions du gouvernement sud-africain face à cette désobéissance civile sont vives et brutales. Les autorités répriment les manifestations, arrêtent des centaines d’activistes du CNA, et mettent en place une législation encore plus restrictive pour tenter de briser le mouvement.
Action | Conséquences juridiques |
---|---|
Boycott des lois injustes | Amende, peine de prison |
Désobéissance civile | Arrestation, emprisonnement |
Malgré la répression brutale du régime apartheid, le CNA persiste dans sa lutte. L’impact du Congrès de Durban se fait ressentir sur plusieurs plans:
- Mobilisation de la population: Le Programme de lutte inspire et mobilise une grande partie de la population noire sud-africaine, donnant naissance à un mouvement social puissant contre l’apartheid.
- Internationalisation de la cause: La résistance du CNA attire l’attention internationale sur les injustices commises en Afrique du Sud. Les pays étrangers condamnent l’apartheid et imposent des sanctions économiques au régime.
Le Congrès de Durban en 1953 est un moment clé dans l’histoire de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. L’adoption du “Programme de lutte” marque une rupture avec les stratégies modérées précédentes et ouvre la voie à une résistance active, durable et efficace. Ce tournant historique contribuera finalement à mettre fin à ce système raciste et inique.
Bien que le chemin vers la liberté et l’égalité ait été long et semé d’embûches, le CNA, grâce au courage de ses militants et à son engagement inébranlable, a joué un rôle crucial dans la transformation de l’Afrique du Sud.